Mélenchon, génie politique et avenir de résistance ?

, par  Bleitrach Danielle

Le 19 novembre 2016 à 18:30, par Bleitrach Danielle En réponse à : Mélenchon, génie politique et avenir de résistance ?

Claude Mazauric a toujours eu une grande capacité de conviction, cela tient chez lui à de nombreuses qualités
rhétoriques et en particulier celles qu’il doit à des modèles hérités de la Révolution française. Une logique implacable qui couvre le terrain à la manière de Cicéron : « Non mon client n’a pas fait ce dont on l’accuse et s’il l’avait fait il aurait eu raison de le faire ». Une longue filiation et la lecture de Robespierre, d’autres aussi, demeurent des fondamentaux dans notre pensée politique et ils restent d’une grande efficacité, en particulier pour les tribuns . On peut penser que ce qui le séduit chez Mélenchon c’est aussi cette filiation et elle le fait crier au génie. Mais Mélenchon n’est ni Robespierre, ni Lénine, ce qui lui manque est une conception de l’organisation, comme une perspective visionnaire, il est plus proche comme d’autres des habiletés mitterrandiennes et il nous la joue au-dessus des partis : mettez-vous dans mon sillage ou c’est la fin. Cette volonté de se débarrasser du PCF, de le réduire a peut-être été provoquée par les pratiques de la direction du PCF. Qu’il ait eu raison de refuser les primaires, c’est sûr, mais comme le dit caroline il s’agissait pour lui de se situer par rapport aux manoeuvres de Pierre Laurent, ce qui n’est pas la condition idéale pour concevoir une perspective révolutionnaire. Le génie politique disait Fidel Castro est plus courant que les autres types de génie, il tient à la capacité d’articuler son destin avec celui d’un peuple. C’est là que Melenchon ne me convainc pas, ce qui ne serait pas important, si cela n’était pas le cas d’une grande partie des communistes. Le résultat de la consultation nous dira ce qu’il en est , mais comme me le disait une camarade « les médias se trompent en pensant que ce sont les cadres du PCF qui ont voté pour une candidature communiste, contre la proposition de Pierre laurent , au contraire le Conseil National aurait suivi Pierre laurent, c’est parce qu’il y a eu des délégués de la base que le vote a été celui-là ». Peut-être que je me trompe, mais les communistes ont fait l’expérience sur le terrain de ce qu’ils ont donné financièrement, en force militante, et ce qu’ils ont reçu non seulement en élus de terrain, mais en capacité de rassemblement. On aurait tort de nier cette expérience et de voir dans le choix des militants de la simple nostalgie ou un aspect moral.
Ce qui est extraordinaire est l’idée à laquelle semble croire Claude et Roland qui ont une expérience politique de la possibilité pour Mélenchon d’être présent au second tour... Il me semble que ce qui nous est proposé c’est de « sauver » la gauche, une nouvelle mouture comme celle jadis imposée par le CERES, à laquelle nous devrions sacrifier le PCF. je ne comprends pas.
Mais ce qui m’étonne plus encore chez Claude dont j’ai tellement apprécié les travaux historiques, c’est la manière dont il reconnaît cette empreinte de la Révolution française, à même du mal à s’en abstraire et considère comme « mythique » celle qui se réclamerait de la fillitation bolchevique, alors que je crois que l’héritage bolchevique, celui de l’URSS travaille au moins autant la réalité politique de notre temps. Le paradoxe est que sur ce plan là, il est nettement en retrait par rapport à Mélenchon qui a une conception des rapports de forces internationaux beaucoup plus audacieuse, dû à sa connaissance de l’Amérique latine, que Claude Mazauric dont l’essentiel de la démonstration a toujours été que ce soit à propos de Cuba, de la Chine ou de ce qui se passe en Europe dans les ex-pays socialistes et de l’URSS, très en retrait par rapport aux analyses de Mélenchon.

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