Pourtant, dans le contexte mondial actuel, il est crucial de dépasser ce cadre étroit. Nous devons adopter une analyse globale, tenant compte des racines internationales de la crise que nous traversons. Seule une compréhension d’ensemble, qui embrasse les dynamiques géopolitiques mondiales, peut éclairer correctement les défis auxquels nous faisons face en France.
La question internationale n’est pas secondaire. Nous vivons une période charnière, marquée par le déclin relatif de l’impérialisme occidental. Le manque d’alternative révolutionnaire est un frein, mais il n’empêche pas les mouvements de résistance de se structurer. L’impérialisme reste le moteur des dynamiques globales actuelles. Il faut considérer l’impérialisme comme une espèce, et le colonialisme comme un genre, à la fois dans ses formes historiques et contemporaines.
Aujourd’hui, nous assistons à une deuxième phase de décolonisation. Contrairement à la première vague du XXe siècle, celle-ci remet en question l’hégémonie américaine. Les BRIC, puis les BRICS, et désormais les BRICS+, incarnent cette volonté de rompre avec la domination unipolaire occidentale. Ces blocs défendent un multilatéralisme réaffirmé, basé sur des principes comme le respect de la Charte des Nations Unies et la dédollarisation des échanges commerciaux.
Ce processus est irréversible. Pour les classes dominantes des anciennes puissances coloniales, il s’agit d’une marginalisation. Pour les classes populaires, en France et ailleurs, c’est une opportunité historique. Cela ouvre la voie à une nouvelle ère de changement social et à la construction de relations internationales plus justes. Ce moment est une chance pour notre parti de redéfinir un projet politique en phase avec les réalités actuelles.
Cela m’amène à une critique de notre position actuelle sur les affaires internationales. Trop souvent, notre discours semble décalé de la situation mondiale, ce qui trouble les militants les plus engagés. Il est impératif de retrouver une grille de lecture globale, capable de fournir une analyse objective des événements internationaux. Cette réflexion doit reposer sur des bases philosophiques et idéologiques solides, pour contrer efficacement la propagande impérialiste.
Prenons la guerre en Ukraine et les événements du 7 octobre. Ces crises étaient tout sauf imprévisibles. Elles s’inscrivent dans des logiques géopolitiques profondes, souvent dissimulées par les récits médiatiques dominants. Ces conflits sont les conséquences de tensions accumulées, non des ruptures soudaines. Partout, l’impérialisme américain, soutenu par ses alliés, poursuit un agenda belliciste, qu’il s’agisse de maintenir sa domination en Europe ou de préparer l’affrontement avec la Chine.
Sur ces questions, la différence entre Kamala Harris et Donald Trump ne réside pas dans la volonté de guerre, mais dans la priorité donnée. Les deux camps partagent la même obsession : contenir la montée en puissance de la Chine, perçue comme la principale menace à l’hégémonie américaine.
Notre parti doit viser l’unité la plus large possible du mouvement anti-guerre et transformer cette mobilisation en un mouvement de masse. Les masses perçoivent les enjeux humains et financiers des conflits actuels. La compréhension correcte de ces questions est essentielle pour la construction d’un parti porteur des attentes populaires et capable de proposer une véritable alternative.
Nous devons revisiter notre analyse à la lumière de l’histoire. Contrairement aux récents courants populistes, les communistes inscrivaient leur action dans le temps long, avec des repères solides. Le matérialisme historique servait à comprendre le mouvement de l’histoire. En Occident, l’effondrement de l’Union soviétique a parfois poussé notre parti à abandonner ces outils au lieu de les adapter, nous laissant ballotés par les événements.
Hervé Poly – Pas-de-Calais