La mort et le néant du révisionnisme moderne (Deuxième partie) par Jean Jullien

, par  Jean , popularité : 4%

Première partie publiée le 27 mai sur le texte de Hayat que critique Martelli...

2 - Ce qui tord le foie de Roger Martelli

Ce n’est pas que la dictature gazeuse de Mélenchon soit - comme dit Hayat - « au service d’un projet social-démocrate »… « étant donné que ce mouvement n’a rien de révolutionnaire dans ses objectifs ». Pas du tout. Martelli s’en moque et même ça lui convient parfaitement nous allons voir pourquoi.

Ce qui l’angoisse, c’est que la France Insoumise de Mélenchon puisse, selon le diagnostic erroné d’Hayat, se transformer en parti "léniniste" et péricliter.

LFI ne deviendra jamais un parti léniniste, mais Martelli y voit la cause de tous les dangers et en particulier « mourir comme le PCF ». En fait sa réponse à Hayat n’est pas tant la critique du sectarisme de LFI, c’est la critique du parti de type bolchévique, du léninisme et du stalinisme : « ce qui, par touches successives, au nom de la "force des choses" ou du réalisme politique, fit glisser le bolchevisme vers quelque chose – le stalinisme – qui en fut certes le contraire, mais qui s’appuyait sur des fragilités initiales ».

Le stalinisme parlons en justement

Il n’a échappé à personne que les bourgeoisies occidentales célèbrent la Libération de la France par les USA, y compris lorsque ces derniers essorent et taxent l’économie de leurs "alliés".

Par contre, c’est le silence radio sur les 27 millions de morts soviétiques et sur la victoire décisive sur le nazisme de l’Armée Rouge dirigée par Staline. De même les progrès évident de l’URSS, la réalité du développement soviétique sous Staline qui sont tout le contraire d’un échec ou d’un drame...

Pour des millions de soviétiques, le développement de l’URSS stalinienne est extraordinaire, elle rejoint en 1960 l’occident pour l’espérance de vie, elle développe une agriculture biologique à grande échelle, invente l’agroforestation qui conduit à des "forêts Staline" plantées après guerre, et qui provoquent des mobilisations aujourd’hui lorsque des projets d’autoroute les détruisent. Le stalinisme n’est pas le contraire du projet léniniste, mais sa concrétisation aux plans économiques, scientifiques, culturels.

Il faut s’interroger aussi sur le choix des principaux intéressés : la population moscovite, qui a plébiscité la restauration du bas-relief dédié à Staline dans le métro de Moscou [1].

Martelli n’en dit pas un mot, au contraire, il n’est pas loin d’assimiler communisme et nazisme … « La démesure totalitaire était cohérente avec la doctrine des fascismes de l’entre-deux-guerres ».

Il fait aussi le procès de l’acte fondateur des partis communistes, les 21 conditions d’adhésion à la IIIe internationale :

« en 1920, la douzième condition d’adhésion à l’Internationale communiste dira d’elle qu’elle "confine à la discipline militaire" »

Martelli oublie de citer le début de cette 12e condition : « Les Partis appartenant à l’Internationale communiste doivent être édifiés sur le principe de la "centralisation" démocratique. À l’époque actuelle de guerre civile acharnée... ». Car il s’agit bien d’appliquer la relation contradictoire entre centralisme et démocratie et non le centralisme seul.

Et nous sommes alors « à l’époque de la guerre civile acharnée », à la fois contre la réaction intérieure et contre la coalition des belligérants de 1914, dont le but est de détruire la république soviétique et de noyer dans le sang toute tentative de révolution, comme l’ont fait les socialistes en Allemagne. Les partis communistes auraient-ils survécu sans discipline ?

D’où vient le reflux des partis communistes ?

Cela a commencé précisément lorsque Khrouchtchev a enterré Staline dans son fameux "rapport secret", qui a brisé l’unité du mouvement communiste international. Puis le coup de grâce a été porté lorsque Gorbatchev a brisé le parti soviétique et ouvert les portes du capitalisme en détruisant quatre principes :
 La voie du socialisme
 La direction du parti communiste
 La dictature du prolétariat
 Le marxisme-léninisme

C’est l’abandon de ces quatre principes qui a engendré la contre-révolution en URSS, la « fin de l’histoire » selon Fukuyama. Et ce sont ces mêmes abandons qui ont entraîné l’effondrement du PCF.

Le révisionnisme des principes a submergé le PCF, qui espérait avec ces renoncements gagner la victoire d’une gauche dirigée par les socialos.

Ceux-ci se sont employés à détruire les racines du PCF tout en le discréditant par leur politique anti sociale. Lui-même s’était transformé en parti de colleurs d’affiches au seul profit du PS, jusqu’à reproduire comme un autre rocher de Sisyphe dans ces farces répétées une union de la gauche désarmant le monde du travail, gauche plurielle, collectif antilibéraux, Front de Gauche, Nupes, NFP, farces dans lesquelles Mélenchon a construit son mouvement gazeux sur l’affaiblissement général du mouvement populaire.

En traînant ce boulet le PCF a perdu le soutien du peuple.

« Voila les feuilles sans sève qui tombent sur le gazon » [2]

Martelli se sert de l’analyse d’Hayat, non pas pour égratigner ses "camarades insoumis", mais pour critiquer tout ce qui peut encore rattacher le PCF à ses racines léninistes.

Mais si un parti communiste ne dirige pas la révolution, quel parti dirigera les masses, et dans quelle direction ?

Il reproche au parti léniniste de ne pas accepter « d’autre morale que celle de l’impératif révolutionnaire ». Mais quelle devrait être cette autre morale qui ne soit pas révolutionnaire ?
Et quel impératif devrait-elle viser si ce n’est pas la révolution, le socialisme et le communisme ?
« En fait, tout a découlé d’un malentendu : les bolcheviks russes croyaient en 1917 qu’ils s’emparaient d’un État qui, en fait, n’existait plus. Du coup, une fois au pouvoir, ils en bâtirent un de toutes pièces et c’est cet État monstrueux qui s’est emparé d’eux et du communisme du 20e siècle par la même occasion. »

Il n’y a aucun malentendu pour les léninistes. Lénine entendait bien « briser la machine d’État » et la remplacer pat l’État du prolétariat et du peuple. Sinon on ne fait que changer le numéro de la République bourgeoise. Tel est bien l’objectif de Mélenchon et de Martelli.

« La dictature du prolétariat devait être impitoyable, mais était présentée comme temporaire. Le problème est que l’on sait quand on entre dans le temporaire, mais on ne sait jamais quand on doit en sortir ».

Pourquoi ne sait-on pas quand on doit sortir de la dictature du prolétariat ? Parce qu’elle doit faire pièce à la contre-révolution, et que celle-ci peut ressortir comme le chiendent quatre-vingt ans après la prise du pouvoir. Elle ne disparaît pas rapidement comme le prétendait Khrouchtchev.

En définitive Martelli coche toutes les cases de la trahison de Gorbatchev et de la destruction des quatre principes : la direction du parti communiste, la voie du socialisme, la dictature du prolétariat et le marxisme-léninisme. La mort et le néant du PCF c’est la destruction de ses principes et sa liquidation par les réformistes, pseudos communistes comme Martelli et ses amis "révolutionnaires citoyens".

Le PCF n’est pas mort.

C’est un nouveau chapitre de l’histoire qui s’ouvre. A l’échelle internationale, la Chine Populaire a relevé le drapeau rouge, le socialisme est redevenu un espoir et non plus une honte, et c’est l’impérialisme qui s’isole et se qui divise.

La liquidation du PCF a échoué et la lutte d’idées en son sein n’est pas achevée.

Le 38e congrès a marqué un sursaut pour sortir de la zone de confort d’une pseudo gauche unie, en fait un mouroir, et barré la route à la liquidation. Les cellules d’entreprise commencent à renaître. S’appuyer sur le peuple et connaître ses besoins est la condition pour redonner vie au centralisme démocratique, et rendre au PCF sa place d’avant-garde révolutionnaire. Le communisme ne meurt jamais tant qu’il n’a pas accompli sa tâche historique.

A l’inverse la ligne de Martelli et consorts finit sa course en se pendant aux basques d’un réformiste rejeton de la social-démocratie, et en essayant de recoller les morceaux de cette gauche fondamentalement divisée, atlantiste et discréditée. Avant même de voir le jour, leur projet est déjà condamné, et « Voila les feuilles sans sève qui tombent sur le gazon ».

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