Succès du KPÖ à Salzbourg : perspectives et contradictions politiques en Autriche

, par  pam , popularité : 4%

Une bonne nouvelle, le PCF parle d’un autre parti communiste... Les liens dans le mouvement communiste mondial sont une dimension essentielle de l’internationalisme qui fonde les partis communistes.


Premier pays d’Europe où l’extrême droite a participé au pouvoir national depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, politiquement, l’Autriche fut longtemps réduite à un laboratoire de ce courant politique xénophobe et ultra-libéral. On se souvient de Marine Le Pen allant danser sous les ors de Vienne à l’occasion du bal annuel organisé par le FPÖ, ce parti fondé par d’anciens nazis.

Dans ce contexte, la nouvelle percée du Parti communiste d’Autriche (KPÖ) lors des élections du 10 mars 2024 des conseils municipaux et des maires du Land de Salzbourg est une bouffée d’air frais. Le KPÖ multiplie en effet son score par 7 dans la capitale régionale et atteint 23,1 %. Avec 10 élu·es contre 11 pour le parti social-démocrate (SPÖ) et 8 pour la droite qui jusque-là dominait la ville, celle-ci bascule clairement à gauche. Pour le fauteuil de maire qui est une élection au suffrage direct distincte de l’élection du Conseil municipal, le KPÖ est qualifié au second tour à 800 voix derrière le SPÖ. À Hallein et Wals, les deux autres villes de la banlieue de Salzbourg où le KPÖ a choisi de concentrer ses efforts, il connait une poussée et réussit son entrée au conseil municipal.

Ce succès ne vient pas de nulle part. Elle provient d’un travail de terrain sur le temps long et de pratiques politiques ancrées dans les réalités concrètes et locales. Dans un pays où les scandales politico-financiers sont monnaie courante, les élu·es communistes font preuve d’une probité qui leur vaut un élan de sympathie. Résumée par la formule « des revenus hors sol mènent à une politique hors sol », le KPÖ se situe dans la tradition commune à l’ensemble des partis communistes et ses élu·es reversent l’essentiel de leurs indemnités. Issu·es du monde du travail, ancré·es dans le monde du travail, les candidates et candidats du KPO ont réussi à faire la démonstration de leur utilité politique.

Leurs indemnités viennent abonder un fonds social qui permet au parti d’aider les travailleurs et les travailleuses les plus précaires quand aucune solution ne peut être trouvée pour faire face à une machine à laver qui lâche, à l’impossibilité de payer les facteurs d’électricité ou les loyers, etc. Le KPÖ tient pour ce faire des permanences sociales. Ce travail de terrain au service de la résolution des problèmes concrets du monde du travail est la source du succès du KPÖ.

Là où le KPÖ se présente, l’abstention diminue de 5 à 6 points. Cela témoigne que la classe travailleuse ne se désintéresse pas de la politique mais qu’elle se désintéresse des hommes et des femmes politiques hors sol qui, quel que soit leur parti, mènent finalement une politique de classe par en haut au détriment des salaires et des conditions de vie des travailleurs et des travailleuses. Pour la deuxième fois après les élections régionales de 2023 où le KPÖ avait atteint 11,7 %, le recul de l’abstention découlant de l’enracinement du KPÖ qui lui permet de mobiliser largement fait mentir les sondages. En 2023, le FPÖ était donné en tête ; il est arrivé troisième. Cette fois encore, la montée de l’extrême droite donnée grande gagnante est enrayée et elle stagne.

Pour autant, la bête immonde n’est pas battue. Donnée aux alentours de 30 % à l’échelle nationale, elle pourrait conquérir la chancellerie à l’automne. Face au pessimisme de la raison, le KPÖ oppose avec succès l’optimisme de la volonté. Il montre que pour faire reculer l’extrême droite, un parti communiste fort est une nécessité. Loin d’affaiblir le reste de la gauche, la montée du KPÖ l’élargit et redonne aux couches populaires abstentionnistes un intérêt à voter. Un parti communiste puissant ramène le débat sur les questions de classe. Ainsi, même à la tête du SPÖ, on entend désormais un Andreas Babler se définir comme marxiste et proposer la semaine de 32h.

Le Parti communiste français a adressé ses salutations fraternelles aux 13 élu·es communistes de Salzbourg. Nous souhaitons à Kay-Michael Dankl de devenir le 23 mars le second maire communiste d’Autriche après Elke Kahr à Graz. Mais indépendamment des résultats, nous félicitons avant tout les camarades du KPÖ pour avoir réussi à tirer le débat public sur des questions de classe fondamentales : le logement, les salaires et la paix.

Ces trois questions sont aussi au cœur de l’action quotidienne des communistes en France et que nous mettons au cœur de notre campagne européenne menée par Léon Deffontaines. Sur ces trois questions et sur tant d’autres, le PCF continuera ses échanges et ses coopérations avec le KPÖ qui préfigurent cette Europe des peuple souverains et associés que nous portons.

Dans le laboratoire de l’extrême droite, ces succès sont extrêmement encourageants pour l’ensemble des progressistes d’Europe et d’au-delà !

Parti communiste français
Paris, le 14 mars 2024

Voir en ligne : sur le site du PCF

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