Ne nous laissons pas arracher notre histoire.
Soixante et dixième anniversaire de l’assassinat de Pierre Sémard Soyons les dignes héritiers de P.Sémard et de tous les résistants.

, par  Paul Barbazange , popularité : 1%

Pour la première fois depuis longtemps la section de Béziers du PCF participait avec son drapeau à la commémoration.

Vous trouverez ci-dessous l’intégralité du discours prononcé à cette occasion par Jean Marc Biau, secrétaire du syndicat CGT des cheminots, en présence de la responsable de l’UL CGT. Alors que se poursuit la tentative de niveler toutes les idées, toutes les prises de position, d’effacer le passé pour qu’il ne puisse servir de référence dans nos luttes futures, les commémorations peuvent prendre une actualité brûlante. C’est le cas.

Paul Barbazange


JPEG
Intervention de Jean-Marc Biau, CGT cheminots

Le mercredi 7 mars 2012

Chers Camarades,

Il y a soixante-dix ans, le 7 mars, notre camarade Pierre Sémard tombait à Evreux sous les balles d’un peloton d’exécution, sur décision de l’occupant nazi, après une succession de mesures répressives prises à son encontre.

Avant même l’invasion de notre pays par ce que l’on appelait « la peste brune », c’est sur accusation du gouvernement français que Pierre Semard est condamné, le 6 avril 1940, à trois ans de prison, deux mille francs d’amende et cinq ans de privation de ses droits civiques, la direction de la SNCF d’alors accompagnant cette peine d’une révocation.

Incarcéré d’abord à Bourges puis, transféré, au début de l’année 1942 au camp Gaillon dans l’Eure, il y sera pris comme otage pour être fusillé, le 7 mars 1942.

C’est bien sûr, tout à la fois, le militant ouvrier convaincu de la luttes de classes, le dirigeant syndical éminent, le communiste et le patriote que les auteurs du crime voulaient atteindre et ceux qu’il influençait.

On sait ce qu’il en advint : au lendemain de l’annonce de son assassinat, la Tribune des Cheminots, journal édité alors dans la clandestinité, dont le titre existe encore aujourd’hui, publie sa dernière lettre : « Je meurs certain de la victoire sur les fascistes et de la libération de la France. Dites à mes camarades cheminots que je les adjure de ne rien faire qui puisse aider les hitlériens. Ils me comprendront et m’écouteront, ils agiront, j’en suis sûr ». Son appel fut entendu.

Après des mois de résistance qui n’a cessé de s’amplifier et sous toutes les formes, les cheminots ont porté un coup terrible à l’occupant par la grève, le 10 août 1944, la seule grève dont on peut réellement dire qu’elle fut politique puisque « insurrectionnelle », la seule officiellement et annuellement commémorée, avec les honneurs militaires le 10 Août à l’Arc de Triomphe à Paris.

Rappelons au passage que notre corporation paya un lourd tribut à la paix, à l’indépendance et à la liberté puisque 8935 cheminots y laissèrent leur vie et 15977 ont été blessés pour faits de résistance.

Unis par leur statut depuis 1938 les cheminots sont porteurs d’esprit de solidarité et de lutte, valeurs qui, dès l’occupation, structurent de manière prépondérante une conscience de résistance reconnue historiquement et politiquement.

Ce même statut que les libéraux nous contestent au travers du récent rapport Grignon ou des conclusions des assises du ferroviaire.

En témoignent les travaux d’historiens d’horizons divers et le fait que la SNCF fut la seule entreprise à se voir décerner la « Légion d’Honneur » et la « croix de guerre avec les palmes » pour son attitude pendant la deuxième guerre mondiale et son rôle dans la libération du pays.

Le devoir de mémoire et de transmission de la connaissance des faits est indispensable pour lutter contre l’oubli et les révisions de l’histoire.

Son nom restera à jamais lié à l’histoire de la corporation cheminote.

L’heure est encore à la résistance, mais aussi à la conquête de droits et acquis sociaux nouveaux et nous ne pouvons pas mieux conclure cet hommage à la mémoire de notre camarade qu’en réaffirmant notre volonté inébranlable de défendre ce pourquoi il a combattu jusqu’au dernier souffle.

Vous le savez, Sarkozy a annoncé il y a quelques semaines sa candidature à l’élection présidentielle.

Nous avons mesuré combien cinq années peuvent être interminables quand l’hôte de l’Élysée et son gouvernement ultralibéral entreprennent une casse minutieuse de l’ensemble des piliers de notre société pour servir le MEDEF et la sphère financière.

Avant d’achever son mandat, il se hâte d’imposer la TVA « antisociale », de détruire les droits des salariés, de faire ratifier un traité européen pour imposer « la règle de plomb » qu’il rêvait de voir graver dans la Constitution française.

La direction de la SNCF applique les mêmes méthodes. Gel des salaires, suppressions et précarisation des emplois, fragmentation du paiement des retraites, mise en œuvre du jour de carence sans lever la mesure statutaire du quart de solde, passage en force sur la création d’une filiale travaux, privatisation de la maintenance essieux, sous-traitance et externalisation des charges de travail, hausse des loyers.

Avec cynisme et arrogance, nos dirigeants poursuivent cette destruction méthodique du service public SNCF, de l’entreprise publique et du statut
des cheminots.

L’approche des élections politiques ne doit pas nous faire baisser la garde, bien au contraire. Face aux attaques gouvernementales et à la politique de la direction de la SNCF, les cheminots ont toutes les raisons de ne pas mettre un voile pudique sur leurs légitimes revendications.

Comme ils l’ont fait avec la CGT le 29 février, les cheminots doivent maintenir la pression sociale sur ceux qui nous gouvernent et nous dirigent.

Le plus grand honneur que nous puissions rendre à notre camarade Pierre Sémard, comme à tous les cheminot(e)s résistant(e)s qui furent victimes de la barbarie nazie, est de poursuivre sans relâche leur combat, notre combat.

Aujourd’hui comme hier, notre devoir est de mener la bataille contre les idées nauséabondes de l’extrême droite, contre ceux qui entendent détruire les bases de notre société issues du Conseil national de la Résistance, contre ceux qui envisagent la fin de l’entreprise publique et du service public SNCF pour en faire un marché.

Soyons donc les dignes héritiers de Pierre Sémard et de tous les résistants !

Je vous remercie de votre attention.

Sites favoris Tous les sites

1 site référencé dans ce secteur

Brèves Toutes les brèves

Navigation

Annonces

  • (2002) Lenin (requiem), texte de B. Brecht, musique de H. Eisler

    Un film
    Sur une musique de Hans Eisler, le requiem Lenin, écrit sur commande du PCUS pour le 20ème anniversaire de la mort de Illytch, mais jamais joué en URSS... avec un texte de Bertold Brecht, et des images d’hier et aujourd’hui de ces luttes de classes qui font l’histoire encore et toujours...

  • (2009) Déclaration de Malakoff

    Le 21 mars 2009, 155 militants, de 29 départements réunis à Malakoff signataires du texte alternatif du 34ème congrès « Faire vivre et renforcer le PCF, une exigence de notre temps ». lire la déclaration complète et les signataires

  • (2011) Communistes de cœur, de raison et de combat !

    La déclaration complète

    Les résultats de la consultation des 16, 17 et 18 juin sont maintenant connus. Les enjeux sont importants et il nous faut donc les examiner pour en tirer les enseignements qui nous seront utiles pour l’avenir.

    Un peu plus d’un tiers des adhérents a participé à cette consultation, soit une participation en hausse par rapport aux précédents votes, dans un contexte de baisse des cotisants.
    ... lire la suite

  • (2016) 37eme congrès du PCF

    Texte nr 3, Unir les communistes, le défi renouvelé du PCF et son résumé.

    Signé par 626 communistes de 66 départements, dont 15 départements avec plus de 10 signataires, présenté au 37eme congrès du PCF comme base de discussion. Il a obtenu 3.755 voix à la consultation interne pour le choix de la base commune (sur 24.376 exprimés).